laurence

Détails

Prénom: Laurence

Naissance: 1970

Conversion: 1990

Les signes qui ont transformé ma vie

Assalamou3alaïkoum,
C’est sans prétention que je me permets humblement de vous partager mon expérience de vie et rends grâce à Dieu pour sa bienveillance permanente à mon égard et sa puissance d’amour infinie.

Je m’appelle Laurence, je suis née en 1970 et je suis la benjamine, avec ma sœur jumelle, d’une famille composée de 4 filles. Mon père, tailleur de profession était le seul à subvenir à nos besoins, notre maman étant restée femme au foyer durant toute sa vie mais c’était une chose relativement courante pour l’époque. J’ai baigné dans un environnement catholique de par ma famille croyante, l’école, le Patro (mouvement de jeunesse catholique féminin). Nous avons grandi avec la crèche en dessous du sapin et les œufs à Pâques… mais surtout avec l’église dont l’ancien cimetière était devenu notre jardin !

Croyante depuis ma tendre enfance, par la Grâce de Dieu, j’ai toujours ressenti une attirance toute particulière pour tout ce qui était mystique. Je parlais à Dieu, je ressentais sa présence. Je faisais, avec ma sœur, un crochet par l’église pour aller Le prier après l’école avant de rentrer à la maison. Toutefois, adolescente, le concept de « Trinité » me questionnait, je ne l’avais jamais réellement compris.

Ma première rencontre avec l’Islam s’est faite après mes secondaires, lors de mon entrée à l’école supérieure. Une élève de la classe, d’origine grecque, était arrivée un beau matin « voilée ».

Ma sœur et moi, avec qui j’ai réalisé tout mon parcours scolaire, jumelles oblige, n’avions aucunement changé notre attitude envers cette étudiante mais nos parcours se sont éloignés car elle n’est restée que très peu de temps et nous-mêmes avons changé d’école.

Ma vrai rencontre avec la foi musulmane a été l’année suivante, lors de notre admission dans le nouvel établissement scolaire : notre classe était multiculturelle composée d’une partie des élèves d’origine belge, dont certains étaient déjà avec nous dans le secondaire, des étudiants d’origine marocaine et turque.

Ce vrai premier contact avec des personnes d’origine étrangère a été pour moi une réelle surprise, j’appréciais leur convivialité, leur jovialité, leur humour…, on passait toutes les pauses ensemble mais surtout le comportement respectueux que les garçons avaient envers les filles me plaisaient énormément.

Lors d’un intercours, je me suis assise à côté de mes copines marocaines, celles-ci parlaient justement de leur prophète. Gênées, elles ne m’ont pas tout de suite répondu lorsque je leur ai demandé de qui elles parlaient puis les langues se sont déliées, elles m’ont avoué qu’elles faisaient référence à leur prophète, celui qui était venu après Jésus. Là, ça a été comme une « claque » car je n’avais aucune connaissance d’un prophète après Jésus. « Normal, m’ont-elles répondu car tu étais dans une école catholique ». Elles m’ont, à ce moment-là, parlé de leur livre, le Coran qu’on ne pouvait lire qu’en état de propreté.

A partir de là, j’ai demandé auprès de mon amie d’enfance dont la mère tenait une librairie de me procurer le Coran (en français), j’avais moi-même le Nouveau Testament et un élève de la classe, intéressé par la religion juive m’avait prêté, si ma mémoire est bonne, l’Ancien testament et un livre parlant de tous les rites juifs.

Tout ça est bien resté « au chaud » sur une étagère jusqu’au soir où ma vie a été bouleversée !
Ma sœur jumelle étant en vacance, Dieu a choisi ce moment pour m’interpeller.

En plein rêve, j’ai aperçu une croix gigantesque devant laquelle je priais agenouillée avec Jésus qui pleurait parce que j’étais en train de le prier.
En lui parlant, je lui dis : « Mais si ce n’est pas toi que je dois prier, c’est qui alors ? Et là, une lumière est apparue à ma droite et je devais découvrir Qui était cette lumière !

Je me suis réveillée en pleine nuit chamboulée, j’ai décidé de prendre un bain et j’ai placé les trois livres sur mon lit tout en m’adressant à Dieu : « Si c’est Toi que je ressens, montre-moi ce que Tu veux pour moi !». Tout en fermant les yeux et en mélangeant les livres, je prends le Coran en main. Une crainte s’empare alors de moi car à travers ce livre, c’est de l’Islam dont il est question. Cette religion dont la femme est complètement soumise, sans droits, reléguée à l’état de seconde zone… A nouveau et comme je le ferai par la suite à maintes reprises, je m’adresse à Lui en lui disant : « Si c’est l’Islam que Tu veux pour moi et que Jésus n’est pas ton fils, qui est-il ? Si mes parents ne veulent pas que je te suive, que dois faire… ? ».

Toute la nuit n’a été que des questions-réponses instantanées car à chaque fois que j’ouvrais le Coran au hasard, Dieu répondait à chacune de mes interrogations. Je n’ai plus dormi de la nuit, comme si j’étais dans un état second, et au matin, lorsque je suis sortie, je percevais la nature comme si je ressentais Dieu à travers elle, je voyais Dieu dans les arbres, le ciel…

Deux mois se sont écoulés durant lesquels maints signes me sont venus mais je restais très réticente à « l’Islam », du fait des informations et images caricaturées véhiculées sur cette religion. Je recherchais toujours la Lumière mais j’étais réfractaire à l’idée de devenir musulmane, surtout moi, le garçon manqué de la famille, comme disait mon père !

Durant toute cette période, je continuais à m’adresser à Dieu qui m’envoyait pourtant des signes évidents lorsque je lui disais : « Si c’est l’Islam que tu veux pour moi, alors…, fais-moi retrouver Gigi », l’étudiante qui s’était convertie 2 années auparavant et dont je n’avais, bien sûr, aucune coordonnée.

C’est une de ces anecdotes que je voudrais vous relater et qui a été déterminante dans ma conversion.

En me rendant avec mon papa au marché du midi, j’y croise une étudiante qui était dans la même classe que moi et Gigi. Je lui fais part de tout ce qu’il m’arrive et lui demande si par hasard, elle aurait ses coordonnées et chose incroyable, elle les avait !

Je travaillais durant cette période de grandes vacances comme monitrice de pleine de jeux. Après mon rêve et aux dires des autres animateurs, paraît-il que je parlais de Dieu constamment. Nous avions une excursion prévue au zoo de Planckendael. J’ai eu l’intuition qu’il fallait que j’y trouve un « Okapi ». Je formule la demande auprès des moniteurs que si quelqu’un en apercevait un, il me prévienne. Je suis rentrée bredouille ce jour-là, pas d’okapi au zoo mais toujours avec cette sensation bizarre qui me restait…, Okapi. Je m’étais à nouveau adresser à Dieu en lui disant que si c’était l’Islam qu’il voulait pour moi, qu’Il me fasse rencontrer Gigi durant le seul jour férié qu’il y avait au mois d’août, sinon cette religion ne m’était pas destinée.

Je me rendis donc à l’adresse que l’on m’avait transmise avec toujours en tête que je ne deviendrais musulmane que si Dieu m’envoyait des signes clairs. Je sonne, personne ! A cet instant, la voisine descend et ouvre la porte. Elle m’apprend que Gigi est partie en vacance et qu’elle ne sait pas quand elle rentrera. Je laisse quand même un message avec mes coordonnées et me dis dans un coin de ma tête, super, l’Islam ne sera pas pour moi ! C’est sur le chemin du retour que mon regard se leva et que je vis en gras : teinturerie-blanchisserie « OKAPI ». A cet instant précis, je savais que Dieu allait me faire retrouver Gigi.

De retour à la maison, ma mère me dit que quelqu’un m’a appelé, cette fameuse étudiante que j’ai finalement rencontrée quelques jours plus tard. C’est en lui expliquant mes aventures qu’elle m’a rétorqué que le mieux était que je lise la vie du Prophète Mohamed, chose que j’ai faite. C’est après d’autres signes, toujours aussi spectaculaires pour celui qui les vit, que j’ai décidé de franchir le pas et d’accepter la décision de Dieu envers moi : devenir musulmane. Je venais tout juste d’avoir 20 ans.

Très rapidement, je me suis dit que si je devais me convertir, je ne voulais pas me laisser influencer par quiconque dans ma relation à Dieu. Je me suis même méfiée du côté communautaire parce que je désirais absolument garder la foi sincère que je portais à Dieu depuis toujours ; ce à quoi Dieu a répondu en me faisant rencontrer des personnes qui portaient le même regard que moi sur la foi. Ces personnes m’ont été indispensables au moment de ma conversion, parce qu’elles étaient bienveillantes et m’amenaient à une vision d’ouverture à l’autre à travers l’Islam. J’ai fait le choix, très conscient, de me diriger vers ce genre de personnes plutôt que vers d’autres qui auraient une vision trop fermée ou rigoriste car ma conversion n’a pas été une fracture mais une évolution harmonieuse vers mon Créateur. Je remercie Dieu car elles ont été et sont encore aujourd’hui un véritable cadeau qui m’a construit et renforcé dans mon parcours de vie.

Ce qui m’a conforté dans ma conversion venait surtout du fait que je n’ai pas ressenti de coupure mais une continuité dans ma foi. Étant déjà croyante aux prophètes et en particulier à Jésus, le fait de savoir qu’un autre prophète venait confirmer le message divin précédent (qui gardait les mêmes fondements) et qui englobait tous les prophètes sans distinction, je ne pouvais pas l’ignorer. Toutefois, ce qui a véritablement changé a été d’avoir attesté de l’Unicité de Dieu ; Reconnaître en Dieu l’origine de tout, l’Unique, sans Lui donner aucun associé.
C’est cette reconnaissance qui a été et qui est encore le moteur de ma foi actuellement.

Après ma conversion, je ne l’ai pas annoncée telle quelle à mes parents mais je leur ai dit que je sentais que Dieu voulait quelque chose de moi et que j’irais là où Il me guiderait. Le début n’a pas été simple, je me cachais dans ma chambre pour prier avec une cassette enregistreuse sur laquelle une personne récitait les sourates et menait la prière. C’est en priant que mon père a découvert ma conversion. Mes parents ne m’ont rien dit mais ont ameuté toute la famille et même les amis pour me raisonner. Ils pensaient que j’étais tombée dans une sorte de secte. Je vivais toujours chez eux, je suis restée 4 ans convertie avant de me marier. Au final, ils se sont rassurés car je me suis considérablement rapprochée d’eux. Je n’étais plus cette enfant rebelle, têtue… Ma conversion m’a éveillée à l’amour de ma famille, de mes parents, dans toute la reconnaissance que j’avais pour eux.

C’est plutôt au niveau de mes amies qu’il y a eu une sorte de séparation même si je les vois encore de temps à autre. Sans avoir eu de disputes, c’est tout naturellement que nos chemins de vie nous ont éloignées, nous n’avions plus vraiment de points communs, nous n’étions plus sur la même longueur d’ondes.

Il est vrai que l’humain va rechercher, par facilité ou sécurité peut-être, à fréquenter les personnes qui lui ressemblent. Pour ma part, je suis restée très attachée à ma famille et aux valeurs que m’ont enseignées mes parents, mon papa était un être très affectueux, rempli d’amour et de douceur, ce qui m’a permis de me sentir chez moi, à ma place, malgré mon changement de religion. Je reste actuellement, en admiration devant une telle sagesse car pourrais-je avoir la même force avec mes propres enfants ?

Maman de trois enfants, je me suis mariée avec un garçon d’origine marocaine qui se trouvait dans ma classe au moment de ma conversion. Il a marqué son intérêt lorsqu’il a appris que je m’étais convertie, faut dire qu’il faisait partie du groupe d’élèves que je fréquentais à l’époque.

Rentrer dans une famille marocaine n’a pas été une mince affaire! Malgré mon appartenance religieuse commune, les codes m’étaient étrangers et je les trouvais assez pesants. Bien qu’en majorité, j’ai été relativement bien acceptée, certaines personnes de ma belle-famille ne croyaient pas vraiment à ma conversion et restaient réticentes car je n’étais pas marocaine, il ne s’agit pas du tout d’Islam mais bien de culture avec la capacité ou non des individus à accepter la différence. Finalement, c’est avec beaucoup de patience, de bienveillance et d’amour en Dieu que j’ai pu relativiser tout ça car je savais que si Dieu m’avait placée dans cette famille, c’est que j’avais un apprentissage à recevoir car rien n’arrive sans Sa Volonté. Après toutes ces années, on a fini par « s’apprivoiser » car au-delà des différences, il s’agissait surtout d’appréhensions réciproques face aux divergences culturelles.

Après avoir connu des instants intenses de rapprochement et de proximité à Dieu au moment de ma conversion, le plus compliqué a été de maintenir ce « lien» dans mes actes du quotidien. Même si la pratique peut-être difficile à conjuguer dans la vie de tous les jours (travail,…) car elle recquiert une certaine constance et régularité, bien qu’être aimable, souriant… soit à la portée de tous, ce qui fluctue essentiellement n’est pas tellement la forme mais la profondeur. Comment garder un degré d’introspection, de concentration, d’attention et d’éveil pour que les préceptes révèlent en nous tous leurs sens ? La finalité étant la relation à Dieu et la vibration de l’âme. Comment revenir à la source des messages divins, que doit-on comprendre, quels sont les enseignements à en tirer? Comment faire pour mettre Dieu au centre, m’imprégner de Lui et rester attentive et en connexion dans ce monde qui va à toute vitesse !

Il est vrai que la spiritualité guide toute ma vie et j’espère qu’elle m’accompagnera jusqu’au bout. Elle m’aide à mieux prendre conscience de qui je suis, pour tendre à une amélioration de soi. Elle représente l’intimité avec Dieu qui me connaît, qui connaît mes faiblesses, mes manquements, mon profond moi-même.

Ma foi me permet encore aujourd’hui que ce soit dans des moments de joie ou dans des moments plus difficiles de reconnaître Dieu comme début et comme fin de toute chose, d’avoir une sorte de « lâcher prise », face aux évènements de la vie – de placer ma confiance en Dieu car c’est Lui qui est à l’origine des faits de la vie qui vont m’amener à mieux me connaitre, à mieux me développer.

Ma foi m’amène aussi à faire attention aux actes que je pose envers moi-même (mes limites) et envers autrui. Si la diversité des peuples est une volonté divine afin d’apprendre à se connaître et à agir de la meilleure des manières envers les Hommes, sans distinction de race, de religion,… Dieu nous incite également à nous dépasser dans la connaissance du monde qui nous entoure. La recherche du savoir quel qu’il soit dans le but de se rapprocher de Lui et, par la même, de toute sa Création.
L’Islam se veut avant tout un code de bienséance morale qui induit le bon vivre ensemble, le respect d’autrui, le respect de la parole donnée, la justice, l’équité, la bonté, la générosité, la solidarité… et qui par extension s’étend au respect de toute l’Humanité.

Si ma foi m’a permis d’être dans un état de gratitude, d’émerveillement face à tous les bienfaits dont Dieu me comble, la pratique du « dhikr » (évocation de Dieu sous forme de formules répétitives dans le but d’éveiller le cœur) représente pour moi un rituel inestimable que j’aime pratiquer régulièrement car c’est un moteur de bien-être qui a des effets vertueux sur le corps et l’esprit pour celui qui veut bien le faire grandir en lui. C’est une attitude à cultiver au quotidien car se rappeler Dieu en son âme, apporte la paix intérieure, nous change pour le meilleur et nous rapproche des autres mais surtout de l’Etre Aimé.

Laurence – mai 2020