Détails
Prénom: Nick
Nom: Deknudt
Naissance: 1979
Conversion: 2006
Le rêve n’est jamais trop grand et le rêveur jamais trop petit
Croire en Dieu c’est pour les fous et ceux qui cherchent à fuir la réalité, vraiment ?
As salâm alaykoum wa rahmoutallahi wa barakatou. Bismillahi Arrahmani arrahîm
Le libre penseur
Je m’appelle Nick, ou Ahmed selon l’usage, Je suis belge-flamand avec des origines du Mozambique, d’Indonésie, d’Allemagne et de Scandinave. J’ai 40 ans et me suis reconverti il y a maintenant un peu plus de 14 ans, en 2006.
On peut dire que ma reconversion à l’islam fut assez rapide, même si ma quête de sens fut un parcours de longue durée.
J’ai fait énormément de recherches, spirituelles et littéraires, et ai fini par trouver ce que je cherchais, mon Créateur, le Seigneur, Dieu, Allah.
A l’origine, voulant donner un sens à ma vie comme tout un chacun, j’ai énormément exploré et parcouru le monde pour d’abord atterrir dans le bouddhisme pendant des années, probablement dû à mon éducation areligieuse et ma passions des arts martiaux.
J’avais bien une famille judéo-chrétienne et des tantes protestantes mais on ne parlait pas de religion à la maison, et je n’ai jamais vu une bible dans leurs mains. J’assistais bien à des funérailles dans des églises de temps à autre mais rien d’exceptionnel et surtout aucun lien avec nos croyances supposées car j’ai été éduqué dans la libre-pensée.
Mes parents étaient très tolérants et ouverts, jusqu’au jour où j’ai fait entrer l’islam à la maison.
Je ne sais pas encore très bien pourquoi mais je suppose qu’il s’agit principalement d’une influence des médias qui donnent de fausses informations sur cette religion. Du coup, ils se sont forgés des préjugés difficiles à faire disparaître. Pour l’anecdote, ma mère m’a même dit qu’elle aurait préféré que je sois juif ou homosexuel plutôt que musulman.
Il faut dire que son environnement socio-culturel n’aide pas, elle habite Schaerbeek et l’exemple des « pseudo-musulmans » dont on voit plus l’aspect enfant de quartier que celui de croyant pratiquant n’est pas ce qu’il y a de mieux pour avoir une idée juste de l’islam. Et des amalgames se sont donc forcément créés entre « culture » maghrébine, religion et problèmes sociaux dans la commune.
L’ange et le Prophète
Le véritable déclic de ma révélation est un épisode que j’ai encore du mal à partager parce que très intime. Il s’agit d’un rêve que j’ai fait et qui m’a éveillé, où j’ai vu le Prophète de l’islam (Paix et Bénédiction sur lui). J’entre dans une pièce où je vois un homme assis dont je ne distingue pas le visage mais en mon fort intérieur, je sais que c’est lui.
Il me parle une langue qui m’est étrange mais mon cœur et mon esprit comprennent ce qu’il m’exprime. Il me parle de l’islam comme je n’en ai jamais entendu parler et me conseille de le suivre pour arriver à bon port. Cela a duré un long moment, et je me suis senti soulagé et apaisé.
Soudainement, je me retrouve dans un ascenseur avec un être de lumière, une source d’une blancheur rayonnante en forme de drap blanc transparent, impalpable.
Je reste un moment dans cet ascenseur et lorsque les portes s’ouvrent je vois des gens assis dans une sorte de salle d’attente. Il y a des jeunes, des vieux, des malades, tout un panel de gens différents. Je continue à suivre l’ange et trace mon chemin entre eux pour me retrouver au bout du couloir à une autre porte face à l’ange, qui lui est situé devant moi couché dans un sofa rouge, et qui me demande si j’ai bien compris le message du Prophète (pbsl). Derrière lui je vois un four immense qui semble faire des milliers de kilomètres, avec des étincelles grandes comme la foudre de couleur bleu électrique… effrayant !
A ce moment-là, je me suis réveillé et j’ai compris avoir eu un aperçu de l’enfer. Je tremblais et dégoulinais de sueur comme si j’étais en transe. Je suis sorti de mon lit pour me prosterner pendant ce qui m’a paru être des heures, comme il me l’avait été recommandé dans mon songe. Dès le lendemain, je commençais mon voyage vers l’islam, mon esprit tourné vers la Qibla (la direction de La Mecque). Une route qui n’allait jamais se terminer… insha Allah !
Première escale : le bouddhisme
Avant d’entamer ce chemin et faire ce rêve, toujours dans cette quête de sens que j’avais eu très tôt, vers mes 12 ans je me suis intéressé au bouddhisme. En effet, peut-être par transmission inconsciente, j’ai toujours été attiré par l’Asie. Cela vient probablement de mes arrière-grands-pères qui m’ont donné ce goût de l’exotisme. Ils étaient missionnaires en Indonésie pour La Compagnie néerlandaise des Indes orientales. D’ailleurs, après mes secondaires, j’ai fait le tour de la Chine pendant un an.
En outre, ayant pratiqué des arts martiaux pendant 12 ans, la philosophie et la discipline liées au Kung-fu m’ont également influencé.
Dans le bouddhisme aussi il est question de ligne de conduite, d’ordre et de balance, de recherche d’équilibre et d’harmonie, de détachement avec l’ici, de lumière qu’il faut atteindre. Pas celle de l’ange de mon rêve mais plutôt une lumière qui nous mène à un équilibre ultime.
Et étant donné que l’on parlait plus médiatiquement du bouddhisme que de l’islam (le Dalaï-lama étant une personne médiatisée positivement contrairement à n’importe quel savant musulman), et que très tôt j’étais curieux spirituellement, je me suis tourné naturellement vers cette philosophie. La balance du Yin et Yang, l’intérieur et extérieur, le corps et l’esprit.
Le nouveau moi
Depuis, ma vie a complètement changé. J’ai fait un virage à 180° et ai pu, heureusement compter sur des frères qui m’ont guidé pour rester sur le bon chemin et avancer pas à pas, petit à petit.
C’est un voyage intérieur où tu apprends énormément, tu es motivé, tu veux croquer chaque fruit de la connaissance, goûter à toutes les sagesses, mais où tu rencontres aussi des difficultés, des obstacles tels que les gens intolérants ou des proches qui ne comprennent ou ne respectent pas tes choix.
J’ai commencé simplement par diminuer ma consommation d’alcool, de porc, en étudiant le pourquoi de ces interdits. Tu essayes de partager cela avec tes êtres chers. Mais forcément, la contrepartie de tout cela est que parfois, tu t’isoles de ta vie d’avant, tu fais face à l’incompréhension de tes amis, tu es moins, voire plus du tout, invité de par ton changement d’attitude.
C’est pourquoi ce changement doit être accompagné et fait en douceur, pour le reconverti mais également pour son entourage, afin que tout se passe pour le mieux. Souvent on a tendance à vouloir mettre la charrue avant les bœufs, aller trop vite, plus vite que soi-même. Résultat, nos changements d’habitude choquent nos proches plus qu’autre chose. Nous ne leur permettons pas assez de temps d’acceptation et d’adaptation.
Pour faire passer la pilule, il faut donc être patient, malin, faire des concessions, etc.
Mais malgré cela je suis un peu devenu le mouton noir pour ma famille et certains de mes proches.
Ceci dit, je reste ouvert aux autres et ne perds pas espoir d’être accepté tel que je suis par l’entièreté des membres de ma famille… Insha Allah !
Le couple
A propos de proches, que dire de ma moitié ? Avant ma reconversion j’étais déjà marié avec une française d’origine espagnole catholique non pratiquante. De plus nous avions une petite fille.
Au départ, elle a un peu pris peur… c’est bien normal. Car de fait, je ne lui ai pas vraiment laissé le choix.
Elle a fait preuve de patience avec moi et de mon côté, je lui ai laissé le temps de voir que les changements que j’apportais n’étaient que positifs pour notre couple et notre famille.
Nous y allions étapes par étapes.
J’étais là pour répondre à ses questions, ses doutes, ses peurs et elle me soutenait du mieux qu’elle pouvait.
Deux ans plus tard, elle me faisait le plus beau cadeau qui soit, elle m’a dit : « j’ai échangé ma croix contre la main de fatma ». Elle a fait sa profession de foi, peu après celle de sa sœur (ma belle-sœur) et de ma propre sœur … Al Hamdoulillah !
Dieu était déjà présent dans son cœur, le chemin était donc peut-être plus simple pour elle. De plus, bien que cela n’ai pas été très bien accepté par sa famille, sa sœur, mariée à un algérien s’était reconvertie un an et demi avant elle, ce qui avait déjà un peu tracé la route de son côté. Quoiqu’il en soit, cela a renforcé notre couple.
Le début d’un long chemin de partage
Depuis, j’ai également été un des fondateurs de l’association Euroislam qui aide justement les reconvertis dans leur cheminement non seulement spirituel mais également social et identitaire.
Il est important d’accompagner ce genre de mixité culturelle et religieuse parce que si on n’y prend pas garde, cela peut mener à de sérieux conflits et crises de conscience.
Pour le reste et la partie la plus importante de l’accompagnement, on apprend qu’il faut surtout faire preuve de bon sens. Le bien que tu feras engendrera le bien et le mal t’amènera au mal, c’est aussi simple que ça… mais dans les faits, en tant que reconverti, il est bien d’être entouré correctement et d’avoir sous la main des personnes t’aidant à faire les bons choix.
Des choix de vie motivés par la foi
On dit qu’une fois trouvé sa foi les chemins de la vie se compliquent. Et effectivement, une fois en direction de la sortie de la caverne, dans un premier temps la lumière nous aveugle, et puis toutes ces chaînes qui semblaient nous sécuriser sont maintenant devenues des freins vers l’accession à la clarté. Heureusement on a des branches auxquelles se raccrocher qui nous aident à passer toutes ces difficultés, mais parfois il faut savoir en lâcher une pour en reprendre une autre plus solide afin de ne pas rester sur place.
Apres avoir effectué le grand pèlerinage en 2010 avec les frères Denis et Michel, et fait des belles rencontres j’ai décidé d’explorer les mondes musulmans avec ma famille grandissante. En 2013 on décide, mon épouse et moi, de partir avec nos quatre filles (1, 3, 4 et 7 ans) pour une période indéterminée explorer le Sud-Est Asiatique. Là où vivent pas moins de 250 millions de musulmans dont on n’entend jamais parler dans nos médias… même pas en mal.
Durant 4 ans de voyages entre l’Indonésie, Malaisie et le Thaïlande les enfants ont profité pleinement de l’ éducation d’un monde moderne baigné des valeurs islamiques, elles se sont retrouvées confrontées à toutes sortes d’extrêmes juxtaposées, richesse et pauvreté, luxure et islam, nature et technologie, danger et sécurité, … ce qui représentait pour moi la meilleure des éducations et une façon de leur faire voir le monde à livre ouvert. Un enfant apprend tellement plus de la réalité du quotidien qu’en restant coincé entre quatre murs de béton en suivant un programme pédagogique désuet et orienté capitalisme pendant des années. Mais ce sont des choix et des risques que chacun doit mesurer avant de faire le pas, ou non.
Cette expérience était la fin d’un chapitre et le début d’un nouveau.
La chute
Après 18 ans de mariage monogame j’ai perdu ma première femme suite à l’entrée d’une deuxième épouse, indonésienne, dans notre entité familiale, et qui a donné naissance à ma 5ème fille 1 an après. Suite au retour au pays de mon ex-femme, partie avec nos quatre filles sous son aile, la pression du sentiment de culpabilité pour la 2ème épouse était devenue trop lourde et pesait trop sur sa conscience. Elle me poussait à retourner en Europe pour reconquérir mon 1er mariage. Mais en vain, les cœurs étaient déjà trop éloignés.
Après mon aller-retour la 2ème épouse décida également de me quitter en 2017. Tout cela au même moment que la faillite de ma société en Indonésie, dans laquelle mes associés sur place ont profité de mon absence pour reprendre leurs billes et me laisser avec des pertes majestueuses qui m’ont fait tomber dans un gouffre financier. Et comme si cela n’était pas encore assez pour faire chuter un homme, presque tout mon entourage occidental, famille et amis inclus, se sont retournés contre moi et ont creusé un fossé abyssal qui a failli me faire basculer dans le vide.
C’est dans le besoin que l’on retrouve les vrais amis, les vraies valeurs… Comme le dit l’adage, il faut parfois atteindre le fond pour rebondir, comme sur un tremplin et remonter plus haut par après. Combien de fois un enfant ne doit-t-il pas tomber et se relever avant de pouvoir marcher ? Et voilà l’histoire de l’âne qui tombe dans le trou et se fait ridiculiser par les spectateurs, vous connaissez-la suite…
Cette aventure asiatique m’a révélé d’autres aspects de la vie et de ma personne, et m’a amené à la prochaine étape de mon parcourt.
L’espoir
Car avec la difficulté, il y a certes une facilité. Avec la difficulté, il y a certes une facilité (S94 ; V5-6). Des paroles saintes et d’une sagesse implacable. La pénicilline, remède contre la douleur, ne se trouve-t-elle pas dans la moisissure ?
Au plus profond des difficultés, ramant entre plusieurs boulots pour éponger mes dettes, je rencontre ma 3ème épouse d’origine marocaine qui surgit dans ma vie comme l’arc-en-ciel dans l’orage. Il m’aura fallu affronter ces dures expériences et difficiles passages de vie pour pouvoir faire cette rencontre unique que seul un Créateur Sublime a pu façonner.
Une véritable pétale de rose de couleur vive aux arômes remplis de fraîcheur
Directement, de nouvelles portes se sont ouvertes, un nouvel espoir est né. L’entourage qui m’avait tourné le dos n’arrête pas de s’étonner des sursauts et réussites que je réalise grâce à cette énergie positive que nul ne peut comprendre sauf ceux qui portent la foi dans leur âme et la font vivre et partager. Cette force qui nous maintient debout, la tête haute, qui nous fait vibrer et avancer uniquement si on y croit et quand on est sincère avec soi-même.
Un belge musulman
Finalement, je dirais que je suis un belge musulman dans un pays où il est facile de vivre sa foi si on garde un œil critique face aux informations présentées par la société de consommation. J’espère que les médias de demain propageront des messages de paix et de bonheur qui apporterons bien plus à cette société matérialiste, égocentrique et capitaliste.
L’Islam, religion number one dans le monde aujourd’hui, a besoin de se repositionner avec ses vraies valeurs où la corruption et la médisance n’ont pas leur place. C’est peut-être utopique mais il suffit d’y croire pour faire germer l’espoir.
Et je finirai en disant qu’il est important de développer un Islam de Belgique et d’y apporter notre couleur culturelle pour le renforcer et l’embellir.
Nick Deknudt – février 2021