michel

Détails

Prénom: Michel

Naissance: 1970

Conversion: 2003

Heureux qui comme Ulysse

Pour commencer ce récit de ma conversion, il me semble logique et nécessaire de revenir à l’origine : enfant, j’étais croyant, réellement croyant, j’allais à l’Eglise avec ma grand-mère et je priais dans mon lit. J’ai même été enfant de chœur.

Ensuite, l’adolescence, la période rebelle est arrivée et j’ai pris de la distance parce que c’est une période où on conteste un peu tout mais aussi en raison de certaines contradictions dans la foi chrétienne : je me rappelle par exemple que je trouvais vraiment bizarre de dire : « Sainte Marie, mère de Dieu ». Bien qu’à ce moment j’ai pris du recul par rapport à la religion je ne peux pas dire que j’ai perdu la foi mais je ne voyais pas très bien ce qu’elle devait signifier en termes de comportement, mis à part de ne pas faire de mal aux autres.
J’ai opté pour des études de psychologie, ensuite de philosophie et j’étais, je dirais naïvement, au travers de ces études de philosophie à la recherche de la vérité. Au travers de la philosophie mais également au travers d’autres expériences…plus psychédéliques. Finalement, cette quête m’a plutôt mené à une plus grande confusion.

Après mes études mais sans les avoir finalisées, je suis parti vivre dans le Sud de la France, sur les traces du philosophe Nietzsche dont la pensée m’intéressait beaucoup. Cette période fut particulièrement difficile affectivement pour moi, je me suis senti vraiment perdu mais j’ai également vécu des situations qui m’ont convaincu que le hasard n’existe pas parce que des coïncidences incroyables se sont présentées à moi. Je me suis vraiment dit : « ce n’est pas possible que ces coïncidences incroyables que j’ai vécues soient régies par le hasard ! ».

Après cette aventure française douloureuse qui m’a entraîné aux portes de la folie, sans trop vraiment savoir pourquoi et en tout cas sans motivations spirituelles, j’ai décidé de faire un voyage en Inde. Je suis parti avec assez d’argent en poche pour voyager entre 6 mois et un an. Ce voyage fut déterminant pour mon retour vers Dieu parce que, contrairement à la société laïque et sécularisée dans laquelle j’avais toujours évolué, en Inde, la spiritualité suinte des murs, tout fait référence au divin, ou plutôt à des divinités. Je me rappelle qu’en arrivant, lorsqu’un indien me demandait : est-ce que tu crois », je répondais : « je ne sais pas », tandis qu’après 6 moi je répondais « Oui » et lorsqu’il me demandait « à quel Dieu », je lui disais : « Mais, Dieu est unique, non ? », ce à quoi il me répondait « oui ! », ce qui est assez étonnant étant donné la multitude de divinités indiennes. J’ai rencontré des jeunes européens qui avaient tout abandonné pour devenir des adeptes de l’hindouisme. Je me suis intéressé plutôt au shivaïsme, j’ai lu des livres, fréquenté des temples mais avec une certaine distance rationnelle, notamment grâce au fait qu’après m’être fait volé la plupart de mon argent, j’étais devenu commerçant de tabac naturel, c’est peut-être cette activité qui m’a sauvé de tomber dans le shivaïsme.

Ensuite, la lecture d’un livre que j’avais emmené avec moi m’a plutôt orienté vers le chamanisme et m’a donné l’idée d’un thème de mémoire pour finaliser mes études de philosophie. J’ai donc proposé à une de mes professeurs de philosophie de l’ULB, de me superviser pour un mémoire sur l’ayahuesca (plante hallucinogène utilisée par les chamanes de la forêt amazonienne dans le cadre de leurs rituels) envisagée dans une perspective épistémologique . Elle accepta .
La collaboration avec ma directrice de mémoire fut vraiment extraordinaire : elle était très disponible, répondait très vite à mes questions, m’invitait à des conférences, m’envoyait son livre en cadeau…jusqu’au moment où mon enquête m’a mené à m’intéresser à une glande dans le cerveau : la glande pinéale. Lorsque je l’ai interrogée à ce propos sa réponse a été très étonnante : elle m’a dit, « allez voir sur Google qui est plus omniscient que moi ». Vraiment étrange de la part de quelqu’un qui a beaucoup écrit sur l’hypnose et les drogues, domaines où il est souvent question de cette glande.
J’ai continué mes recherches : dans le gros Larousse 2002, on me disait que cette glande n’existait que chez certains reptiles (chez lesquels elle est constituée de tissus oculaires) ou dans d’anciens fossiles.
Dans un dictionnaire médical sur Internet j’ai lu que « pinéal » venait du latin pomme de pin ; que des recherches scientifiques modernes qui ont débuté vers 1935 ont démontré que lorsque l’on exposait la glande pinéale des canards à de la lumière, le taux de spermatozoïdes dans leurs testicules augmentait de manière significative ; mais surtout, en gras, que pinéal pouvait désigner « toutes choses se présentant sous la forme d’une pomme».

A ce stade, je fus très troublé : l’association « fortuite » de ces différents éléments : l’âme, la pomme et le serpent » me fit très sérieusement penser au premier chapitre de la Genèse. (Dans la Bible, c’est sous forme de serpent que Satan vient tenter Eve, l’invitant à manger le « fruit interdit » : la pomme). Dès lors, j’ai cherché, où je pouvais, des informations sur Adam et Eve…
Dans un état de trouble émotionnel très intense, j’ai fait part de mes recherches à ma directrice de mémoire et, d’un ton assez décidé, je lui ai demandé de s’expliquer. Sa réponse fut carrément carnavalesque, elle m’a dit qu’elle avait trouvé des articles à propos d’un yogi sur Internet et qu’elle aimerait bien lui toucher la glande ! J’ai commencé à douter de tout et à jeter un autre œil sur les livres de philosophie et de science. J’ai commencé à les lire comme on regarde les informations télévisées : en me demandant pourquoi on me disait cela et où on voulait m’emmener en me le disant. Toutes ces histoires d’esprits, de croyances, de religions me tournaient dans la tête. Une nuit, je ne parvenais pas à dormir et j’ai pensé au credo chrétien ; « je crois en un seul Dieu, Créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible… » et je
me suis dit pourquoi ont-ils dit ensuite:« Le Père, le fils et le saint esprit »… qu’est ce que ce « saint esprit » qui vient s’amalgamer au Père ?
Le lendemain matin dans la bibliothèque des amis chez qui je travaillais, j’ai remarqué qu’il y avait un Coran. Je ne savais même pas qu’une traduction française du Coran existait…je ne m’étais jamais penché sur la question de l’Islam qui ne m’intéressait pas. Je l’ai ouvert, « au hasard », et je suis tombé sur un passage qui blâme les chrétiens pour avoir divisé Dieu en trois.
J’ai commencé à lire ce livre depuis le début; dans la préface on me donnait la traduction d’un seul terme : aya (ou ayat). J’avais appris qu’en quechua « aya » signifiait âme, cadavre ou ancêtre (et huasca : liane). A présent, j’apprenais, qu’en
arabe, ce terme signifiait « signe, miracle, prodige » mais aussi « verset » du Coran. Le prophète Mohammad a dit « Transmettez mon message, ne fût-ce qu’une seule Aya ». A l’époque, j’habitais avec un groupe de gens, associés en coopérative, dans un hôtel 4 étoiles de l’avenue Louise, à l’abandon depuis des années, que nous « squattions » légalement. Il avait appartenu précédemment à des arabes. A l’entrée, en lettres dorées, on pouvait lire : « aya ».
C’était un des signes que j’avais vu durant ces semaines de trouble!
J’ai continué à lire le Coran, avec esprit critique, en me demandant quel serait le problème avec ce livre-là. Au fur et à mesure que j’avançais dans la lecture, j’étais de plus en plus convaincu qu’il ne pouvait être l’œuvre d’un humain : j’y ai trouvé un système parfait, qu’aucun philosophe n’a pu égaler. Je recevais des réponses aux questions et aux contradictions auxquelles je m’étais confronté durant toutes ces années. Je me suis dit que ce livre n’avait pas été écrit dans le but de m’influencer : personne ne pouvait avoir d’intérêt à vouloir m’emmener où ce livre voulait m’emmener: à l’unicité de Dieu, à sa transcendance absolue, au respect d’autrui, à l’aumône, à la prière.
Tout en le lisant j’ai commencé à prendre des décisions fermes ; arrêter de boire de l’alcool, m’éloigner de ma petite amie… c’est plus tard que j’ai décidé d’arrêter le tabac… je me sentais de mieux en mieux.
Ma raison s’est obstinée à chercher la vérité et Dieu, dans son infinie miséricorde, m’a ouvert le cœur à la révélation ! Durant la lecture, j’en parlais autour de moi, à mes amis, qui n’avaient pas l’air de vouloir s’y intéresser. Pour moi, tout s’est ensuite passé très vite parce que le Coran est arrivé pour combler tout ce que j’avais toujours recherché. Je me suis rendu à une mosquée, j’ai rencontré des gens qui m’ont dit qu’il existait des livres pour apprendre comment prier, quelques semaines après ma lecture du Coran, j’ai commencé la prière et j’ai lu tout ce que je pouvais trouver sur l’Islam. Nouveau converti, j’étais chaud, je voulais convaincre tous mes amis qui se sont tous éloignés de moi. Dans les mosquées, j’ai croisé des gens simples et sympas mais aussi des jeunes avec des idées radicales ou sectaires. Ce n’était pas évident au début, je me posais beaucoup de questions, je me tournais toujours vers Dieu, et lorsqu’après lui avoir demandé j’ouvrais le Coran je tombais toujours sur un verset qui répondait exactement à ma question. Petit à petit, j’ai fait mon chemin, j’ai rencontré de nouveaux amis musulmans, des convertis avec qui je pouvais échanger sur mon expérience. Par rapport à ma famille, je n’ai pas vraiment eu de problème, un étonnement au départ mais lorsqu’ils ont vu que je changeais en bien, ils ont apprécié. Aujourd’hui cela fait 13 ans que je suis musulman, j’ai finalisé mes études, trouvé un bon boulot, je me suis marié, j’ai un fils de 3 ans, je suis bien entouré et j’ai même retrouvé certains amis qui s’étaient éloignés de moi au moment de ma conversion. Je suis très bien mais j’aimerais quand même retrouver la puissance de la foi d’après la conversion parce que la routine de la vie et ses obligations nous remplissent parfois la tête et nous empêchent d’être assez concentrés dans la prière ou assidus dans la fréquentation de la mosquée ou la lecture du Coran.

Découvrez mon livre Nietzsche et le soufisme : proximités gnostico-hermétiques.

Michel – avril 2016