Détails
Prénom: Dominique
Nom: Thewissen
Naissance: 1962
Conversion: 2007
Cassandre en Musulmanie
Je suis née en 1962 dans une famille belge aux origines diverses, tant géographiques que religieuses. Mes grands-parents sont originaires de 5 pays européens différents (Russie, Suisse, Hollande, Sicile, Belgique). Du côté de ma mère, ils étaient chrétiens protestants évangéliques, du côté de mon père, chrétiens catholiques et un arrière-grand-père franc-maçon.
J’ai reçu une éducation quotidienne athée, il n’y avait pas de place pour la religion ou la foi à la maison. Ce qui touchait à ces domaines était sujet à raillerie. La seule personne pratiquante que je côtoyais était ma grand-tante maternelle qui venait de Suisse chaque année. J’adorais les histoires bibliques qu’elle me racontait.
Par ailleurs, j’ai reçu pendant une bonne partie de mon enfance, une instruction religieuse lors de mes séjours dans des camps de vacances organisés par un pasteur évangélique et son épouse. Chez eux, on ne faisait pas semblant. La foi se vivait au fond du cœur et se manifestait au quotidien par des actes concrets : prière, lecture de la Bible, comportement etc. Notre relation à Dieu devait être un réel engagement. Vers l’âge de 16 ans, il existait une cérémonie au cours de laquelle le jeune prenait publiquement l’engagement de vivre sa vie dans la foi en Dieu et en Jésus. Cet événement s’appelle la conversion.
En cessant de fréquenter les camps de vacances, ma foi est restée quelque part au fond de moi, indissociable de la notion d’engagement et d’une certaine déception de n’avoir jamais reçu de réponse claire aux questions existentielles que je me posais déjà toute jeune.
J’avais aussi en moi l’amour du Bien, le souci d’être authentique et cohérente et la certitude d’un Dieu bien présent malgré une vie qui n’a pas du tout ressemblé à un long fleuve tranquille. On peut même dire que j’ai fait les 400 coups à certaines périodes. J’ai aussi vécu de très grosses épreuves mais toujours, j’ai pu sortir la tête hors de l’eau, Il a toujours été à mes côtés.
Par bien des côtés, je marchais à contre-courant de la majorité. J’avais beaucoup d’admiration pour les personnes qui défendaient des idées et des valeurs nobles ET vivaient en cohérence avec celles-ci. J’essayais de faire de mon mieux pour en inspirer ma vie.
C’est vers l’âge de 30 ans que mon cheminement a débuté pour se préciser à 36 ans où j’ai vraiment commencé à mettre de l’ordre dans ma vie. Le point de départ a été ma réorientation professionnelle. En apparence, je prenais des risques mais tout s’est toujours enchaîné magnifiquement, je n’ai jamais manqué de rien et je n’ai plus jamais été malheureuse.
Lorsqu’en 2006, j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari pendant sept ans, d’origine marocaine et musulman, j’ai découvert une communauté, une culture, une certaine manière de vivre, une religion et des valeurs dans lesquelles je me suis retrouvée. L’Islam, à l’époque, a été une véritable réponse à mes questions, ainsi qu’une confirmation de ce qui habitait mon cœur.
Au départ, je voulais juste mieux comprendre mon mari. Je ne connaissais rien à l’Islam. J’étais fascinée et admirative de voir quelqu’un pratiquer concrètement sa religion. Je le voyais comme un croyant sincère qui faisait de son mieux alors je l’encourageais.
Tout naturellement, par respect, j’ai arrêté de manger du porc puis de consommer des boissons alcoolisées même s’il ne m’a jamais rien demandé ou imposé, au départ en tout cas. Je me disais que si c’était impur pour lui, je devais alors éviter ces choses aussi puisque nous partagions notre intimité. Je faisais aussi mes grandes ablutions quand il les faisait.
Lorsque le premier Ramadan est arrivé, il y avait quelques mois que nous étions mariés, j’ai voulu jeûner avec lui, partager cette expérience et sans doute voir si j’en étais capable. J’y suis arrivée sans difficulté majeure.
Je continuais ma découverte de l’Islam, je lisais certains ouvrages, je voulais comprendre. En lisant le livre de Maurice Bucaille « La Bible, le Coran, la Science », j’ai réalisé que l’Islam s’inscrivait en continuité temporelle et historique après les religions juive et chrétienne mais surtout, que le Coran était réellement la parole de Dieu, protégée des altérations qu’avaient subi les autres Livres.
A cette époque, lorsque j’écoutais mon mari parler de ses projets de vie, de la place de l’islam dans ceux-ci, je me disais que sans partager sa religion, il y aurait un moment où nous ne pourrions que nous séparer. Puis, j’ai réalisé que, même s’il devait sortir de ma vie, plus rien ne serait plus jamais comme avant, l’Islam était dans mon cœur et n’en sortirait pas.
Petit à petit, j’ai tissé des liens dans la communauté et une des premières femmes qui m’a soutenue, qui a accueilli mes questions avec bienveillance, m’a regardée cheminer sans jamais me forcer ou me juger est devenue une de mes meilleures amies. En mars 2007, j’ai prononcé la shahada (attestation de foi). Cela a été un moment très fort, vécu en toute simplicité, juste mon mari et moi, face à Dieu. Depuis, je n’ai cessé de m’instruire, de chercher à comprendre, réalisant que l’islam n’était pas une religion monolithique et qu’il fallait s’accrocher pour s’y retrouver.
Découvrir l’islam et y cheminer est une grande aventure, mais plus grand encore est l’aventure de découvrir les musulmans de tous horizons. Si l’islam n’est pas monolithique, les musulmans ne le sont pas non plus, y compris les personnes converties à l’islam. Et les musulmans sont comme tous les humains : magnifiques, émouvants, forts, faibles et parfois décevants.
A mes yeux, ce à quoi nous invite l’islam, c’est à mieux nous connaître pour être des passeurs de lumière, et, chacun dans notre domaine, faire de notre mieux pour apporter notre contribution à un monde meilleur. Pour ma part, en tant que psychothérapeute étant confrontée à l’envers du décor, à la souffrance humaine, particulièrement celle des enfants d’aujourd’hui et d’hier, musulmans ou non, les combats sont nombreux et difficiles à mener.
L’islam est trop souvent instrumentalisé pour justifier et même couvrir des comportements inacceptables de violences, y compris sexuelles dont sont victimes des enfants, des femmes, des hommes, au sein de certaines familles ou mouvements religieux.
Comme Cassandre, j’ai l’impression de n’être pas (encore) arrivée à me faire entendre des acteurs du monde religieux musulman quant à la nécessité impérative et urgente de promouvoir un discours clair sur nos responsabilités en matière d’éducation et de protection des enfants, sur une juste interprétation des textes religieux et de la tradition prophétique en matière de respect de chacun et des femmes en particulier et j’en passe.
Le livre d’une vie ne se referme jamais, jusqu’à notre dernier souffle, nous sommes en chemin, encore et encore. L’islam est dans mon cœur pour le restant de mes jours mais, au-delà de l’islam, c’est le souffle de Dieu, source de toute vie, dont j’ai pris conscience avec plus d’acuité chaque jour et, au-delà de règles en deux colonnes, ce sont de nobles principes dont j’essaie de baigner ma vie entière.
Celui ou celle qui voudrait en savoir plus sur mon parcours peut se référer au livre que j’ai eu le bonheur de publier en 2015 : « Psy, convertie à l’Islam et féministe »…
Avec amour et espoir…
Dominique Thewissen – Novembre 2020