Détails
Prénom: Stéphane
Naissance: 1971
Conversion: 2012
De l’ombre à la lumière
« Assurément, Nous avons créé l’être humain dans l’affliction. »
(Sourate 90 La Cité, verset 4)
Que la paix soit sur toi, toi qui me lis, que je ne connais pas, ou que je connais peut-être !
Un ami d’euroislam m’a demandé d’écrire mon témoignage sur ma conversion à l’Islam afin de la publier sur un site internet. Si tu me lis, c’est que Dieu d’une manière ou d’une autre t’aura mené à celui-ci.
Je ne vais rien te vendre. Je ne vais pas tenter de te convaincre ou de te manipuler : je vais juste te raconter une toute petite partie de mon histoire mais qui a changé toute ma vie.
Tout a commencé sur un défi que je me suis lancé en janvier 2012 pour prouver à une jeune marocaine musulmane (je l’appellerai Yasmina dans ce récit) que le Coran était une invention d’homme pour manipuler les hommes. Je voulais juste « avoir la fille » et elle voulait « juste » que je me convertisse. J’avais l’expérience des femmes et je voulais rester libre comme l’air à toute forme de main mise sur mon esprit. Bref, les intentions de départ n’étaient pas les plus spirituelles qui soient.
A l’époque, j’étais âgé de 40 ans. Agnostique, ex-catholique pratiquant, il m’arrivait souvent de me plonger dans la lecture de certains livres de la Bible pour une recherche principalement intellectuelle. Je lisais aussi beaucoup de livres philosophiques ou mystiques mais à chaque fois, je n’y trouvais pas complètement ce que je recherchais.
De Osho à Krishnamurti, en passant par Nietzsche et Sartre, je me sentais comme une petite abeille folle, butinant de fleur en fleur mais ne produisant aucun miel.
Belge « autochtone », comme on le dit maintenant depuis que le droit du sol a supplanté le droit du sang, j’ai vécu plusieurs épisodes dans une vie agitée, instable, insensée et intense, mais souvent destructrice. Et terriblement matérialiste.
Après un échec marital cuisant, je m’étais promis de ne plus tomber dans le mariage, ce système sociétal que je considérais comme l’opiacé des temps anciens.
Au moment de ma rencontre avec Yasmina, j’étais cadre en informatique dans le secteur des fonds d’investissement au Grand Duché du Luxembourg depuis presque 15 ans. J’y gagnais très bien voire trop bien ma vie : je me payais les meilleurs restaurants, roulais dans de belles berlines allemandes et dépensais mon argent en futilités et autres plaisirs charnels et artificiels comme l’aurait décrit Charles Baudelaire.
Ma vie était un cocktail de colère, d’égoïsme, de dépressions, d’envolées lyriques voire parfois suicidaires, et d’insomnies. Je n’avais aucun but bien précis dans la vie. J’attendais juste que ça passe. Et je n’étais pas non plus un bon père pour mes deux enfants, même si je les aimais du plus profond de mon cœur. Disons que je les aimais mal.
Avec mes amis, j’étais le boutentrain, le rigolo de service, le gigolo qui passe de femme en femme et de bière en bière. Je me croyais profond, intellectuel, spirituel alors que je n’étais finalement que d’une grande superficialité et d’un grand égocentrisme. J’ai gaspillé mon intelligence et mon énergie dans un jardin stérile.
Avec ma famille, j’étais une ombre, un orage, parfois un rayon de soleil. Je les ai longtemps maltraités verbalement, sans le vouloir nécessairement car j’étais intimement convaincu d’avoir raison de le faire pour d’obscures histoires de famille. Oui je les aimais mais mon orgueil l’emportait sur les sentiments que j’aurais dû avoir pour eux. Ils ne méritaient pas ce comportement de ma part.
Quand je fais l’exercice de me souvenir de cette période-là dans le cadre de ce témoignage, j’ai l’impression bizarre et étrange de parler d’un étranger, d’un corps sans vie alors qu’il s’agit bien de moi et de personne d’autre. C’est même un peu flippant quand j’y pense. Je n’aurais pas aimé être mon propre ami et j’embrasse mes vieux potes d’avoir réussi à me supporter toutes ces années.
Après un épisode intense et éprouvant de burn out professionnel, j’avais décidé de remettre un peu d’ordre dans ma vie. Je savais que, si je continuais sur cette voie, cela n’allait pas durer très longtemps avant que je ne retombe voire pire.
C’est alors que j’ai rencontré Yasmina avec laquelle j’avais commencé une relation mais elle m’avertit très rapidement que pour « continuer », cela impliquait non seulement une conversion à l’Islam mais aussi un mariage.
Inutile je pense de préciser que cette perspective ne m’enchantait guère à l’époque. Je considérais alors l’Islam, et je suis désolé d’avance auprès de Dieu pour les propos qui suivent, comme une religion de tarés.
On ne parlait pas encore des attentats qui allaient suivre quelques années plus tard mais médiatiquement parlant, je n’y voyais rien de positif et le comportement que j’observais de la diaspora arabo-musulmane, ne m’encourageait guère à creuser le sujet. Le peu que je connaissais du Coran, venait souvent de citations reprises par quelques polémistes ou auteurs à succès athées, soulignant le caractère violent, guerrier et sectaire du Livre.
Quand j’en parlais avec Yasmina, je voyais bien la tristesse dans son regard. Certes, je n’avais pas l’intention de lui faire du mal mais je voulais combattre ce que je considérais alors comme le mensonge des religions. Je lui dis texto que je considérais les religions et le concept de Dieu comme une invention des hommes pour tenter de justifier leur existence misérable, insensée et éphémère.
Mais afin d’être intellectuellement correct avec elle dans notre relation, je pris donc la résolution de lui prouver que le Coran était une vaste fumisterie humaine. Cependant, j’avais décidé de le faire sérieusement et sur base d’une méthode apprise pendant mes cours d’analyse et de traduction latine lorsque j’étais étudiant. Jamais je n’aurais cru que toutes ces années d’apprentissage du latin allaient m’être utiles pour analyser le Coran. La vie est décidemment très surprenante.
Yasmina, de son côté, décida d’arrêter notre relation voyant mes intentions premières et la tournure des événements. Je fus très triste mais cependant résolu à lui prouver malgré tout que j’avais raison et que ses croyances méritaient d’être reconsidérées.
« Par ceci (le Coran), Dieu guide aux chemins du salut ceux qui suivent Son agrément. Et Il les fait sortir des ténèbres à la lumière, de par Sa permission, et les guide vers un droit chemin ».
(Sourate 5 Le plateau servi, verset 16)
Fin janvier 2012, j’entrepris donc de mettre ce chantier en oeuvre. Ne parlant pas l’arabe, j’allais travailler avec plusieurs traductions disponibles et considérées comme de qualité aussi bien par les orientalistes francophones que par le monde musulman. Il fallait équilibrer les forces en présence. Mais je décidai aussi de le faire seul afin d’éviter toute influence doctrinale ou dogmatique, d’un camp comme de l’autre, dans ma compréhension du texte.
Mon expérience avec la Bible, le latin et mon éducation dans une institution jésuite m’ont appris à analyser un texte en prenant compte de plusieurs paramètres et surtout de connaître la définition des mots et le contexte d’écriture avant de juger de sa qualité. J’avais pu ainsi mettre en évidence plusieurs incohérences présentes dans certains livres de la Bible au grand dam de mes professeurs de l’époque. J’étais persuadé qu’il n’allait pas me falloir beaucoup de temps pour les découvrir aussi dans le Coran.
Jamais je n’allais être aussi heureux d’avoir eu tort.
En effet, le 2 juin 2012, soit presque 6 mois après le début de cette aventure, je me convertissais à l’Islam dans une mosquée au centre de Luxembourg, en toute liberté et joie, et sans aucune contrainte. Quelques semaines plus tard, lors de mon premier Ramadan, j’y fis la connaissance de plusieurs membres d’euroislam qui étaient en visite et avec lesquels j’ai passé une journée très agréable et détendue.
Un sentiment nouveau et sublime m’habitait. C’est un peu comme si on m’avait donné une nouvelle paire de lunettes et que mes yeux avaient enfin découvert la beauté de la vie, du sens de celle-ci mais surtout et avant tout, de comprendre le message de Dieu pour Sa création.
Depuis ce jour, je ne me suis plus jamais senti seul ou désemparé. Au quotidien, Je me sens libre, fort, faible et puissant en même temps. J’avais retrouvé l’amour de Mon Créateur, de Mon Maître et Enseigneur.
Il me serait trop long de décrire tous les détails des événements qui se sont déroulés sur cette période, et encore plus de temps pour expliquer la révolution qui a eu lieu et qui a encore toujours lieu dans ma vie en ce moment. Mais sache que depuis cette conversion jusqu’à ce jour où j’écris ces quelques lignes, tout a changé et en beaucoup mieux, en plus profond, en plus sensé.
En séquence rapide, j’ai arrêté de travailler pour le secteur financier sans savoir comment j’allais m’en sortir financièrement par la suite, rencontré ma future épouse en janvier 2013, vendu mon appartement et me suis débarrassé de l’emprunt hypothécaire, me suis marié en août 2013 alors que je n’avais plus d’argent, ai quitté le Luxembourg pour revenir en Belgique, et j’ai changé de secteur professionnel pour entrer dans le monde hospitalier en août 2014 après de nombreuses difficultés pour une conversion professionnelle cette fois-ci.
Après une brève période d’installation dans ma ville natale à Namur, mon épouse et moi nous sommes finalement installés en région bruxelloise et nous avons à ce jour la joie d’avoir 3 enfants magnifiques qui bousculent toutes nos habitudes et qui mettent de l’ambiance dans tout l’immeuble. Ma vie était complètement et définitivement métamorphosée. La providence aidant, j’y ai aussi retrouvé l’organisation euroislam et depuis, nous échangeons nos approches, expériences et points de vue sur l’Islam lors de repas mensuels. J’apprécie particulièrement cet espace de communication et de liberté dans ma foi sans le jugement des autres, trop souvent présent dans la communauté.
« Dis : « Oh Gens du Livre, vous ne tenez sur rien, tant que vous n’établissez pas la Torah et l’Evangile et ce qui a été descendu vers vous de la part de votre Enseigneur ». Et très certainement, ce qui a été descendu vers toi de la part de ton Enseigneur va faire croître beaucoup des leurs en rébellion et mécréance. Ne te tourmente donc pas pour les gens mécréants ».
(Sourate 5 Le plateau servi, verset 68)
Cependant tout n’est pas simple ou facile pour autant. Loin de là. Nous vivons des épreuves et des difficultés comme tout le monde mais la grande différence pour moi à présent, c’est que tout cela fait du sens et que je peux vraiment me reposer et bâtir ma vie sur des fondations solides transmises par Dieu : Le Coran, l’Evangile et la Torah.
D’autres combats sont apparus. Ils sont d’une tout autre nature que ceux que j’avais menés dans ma vie précédente. Ceux-ci concernent plus les dogmes et doctrines mensongers que l’on peut rencontrer dans la communauté de l’Islam. Ils concernent aussi mon positionnement identitaire maintenant que l’Islam fait partie intégrante de ma vie. J’observe la société et les événements qui s’y déroulent, avec beaucoup plus de discernement et de compréhension par rapport aux messages présents dans le Coran et la Bible.
Et oui la Bible. L’étude du Coran m’a permis de revenir vers elle mais avec un esprit critique et positif voire même constructif. Les livres présents dans celle-ci, se révèlent ainsi plus clairs et limpides qu’ils ne l’étaient à mon adolescence. Le Coran est ce chapitre final tant attendu pour mettre l’ensemble des Livres sur la partition d’une divine symphonie.
J’ai rencontré beaucoup de personnes, chacune avec sa propre école ou doctrine et ce brassage de points de vue sur l’Islam, m’a conduit peu à peu à mieux définir ma propre compréhension de celui-ci, indépendamment des courants doctrinaux majoritaires et contemporains. Par contre, il est vrai que je suis parfois très déçu du comportement de plusieurs d’entre elles mais ceci ne doit pas être une excuse pour ne pas poursuivre la voie qui s’offre à moi. Chacun est individuellement responsable de sa relation avec Dieu.
La dépression et les maladies occultes ont disparu et ont fait place à une plus grande sérénité. Il me reste encore à combattre mon propre orgueil et un reliquat de colère mais ces derniers ne sont plus les montagnes qu’ils furent auparavant.
L’Islam est le chemin vers Dieu et vers la compréhension de Sa Loi. Le Coran est une miséricorde de la part de Dieu pour tous les peuples et individus de la terre. Il explique tout ; il intègre tout et complète tout.
L’Islam est ce qui m’est arrivé de mieux dans ma vie.
Alors je t’invite à répondre au premier ordre envoyé par Dieu au prophète Muhammad :
« Lis (étudie) par le nom de Ton Enseigneur qui crée ! »
(Sourate 96 L’Embryon, verset 1)
Stéphane – avril 2020