Détails
Prénom: Mélissa
Naissance: 1988
Conversion: 2013
Renaissance de la Foi: De l'Ombre à la Lumière
Je m’appelle Melissa. Je suis née en 1988, dans une famille athée de tradition catholique. Enfant, j’étais croyante, mais mon rapport à Dieu était très égocentrique.
Lorsque j’avais treize ans, ma grand-mère, avec qui j’avais une relation très forte, souffrait d’un cancer. Malgré que celui-ci était en rémission, je me souviens avoir prié Dieu Lui demandant de la guérir. Pour une fois, je ne demandais rien d’autre.
Elle est décédée quelques jours plus tard, à l’âge de 67 ans. Ma réaction de jeune adolescente était sans merci : “s’Il a pu me prendre un être aussi merveilleux, c’est qu’Il n’existe pas.” Cette colère, due à la profonde tristesse que je n’ai pas su gérer, s’est renforcée de par toutes les injustices du monde et les sévices que j’ai subis. Ainsi, répondant à l’angoisse de ne rien pouvoir contrôlé, je me suis réfugiée dans un argumentaire d’esprit rationnel et scientifique, prônant l’athéisme.
Concernant l’islam, je n’avais que des préjugés. En réaction à divers événements, je me qualifiais de féministe et pensais que l’islam était une religion misogyne. Ayant été agressée par une bande de jeunes hommes “arabes” et témoin de nombreux vices de personnes musulmanes, j’ai même développé une farouche opposition à l’islam.
A l’âge de 16 ans, je suis tombée amoureuse d’un jeune homme. Notre histoire, passionnelle et idyllique, durera huit ans. Six ans après notre rencontre, il s’est converti à l’islam et m’en a ainsi montré une toute autre image. Très sensible aux philosophies humanistes, j’ai été étonnée de découvrir dans l’éthique islamique de nombreuses valeurs que je partageais mais que je ne trouvais nulle part d’autre. Mon compagnon me disait d’ailleurs souvent que je devais être musulmane sans le savoir. Je me retrouvais dans la philosophie islamique et nous pouvions passer des heures à en discuter.
Les années passant, nos visions et opinions ont pris des chemins différents. Au terme de notre relation, outre nos différentes convictions et ce que cela impliquait pour nos choix de vie, nous ne nous entendions plus. Je comprendrai plus tard qu’il se dirigeait vers une pratique littéraliste. Malgré un amour toujours très fort, et non sans peine, nous nous sommes quittés. Je ne comprenais pas son changement et dévastée par notre rupture, que je voyais comme un gâchis, je sentais monter en moi, à nouveau, une colère contre l’islam. Je pensais, à tort, que c’était la religion qui nous avait rendus si différents.
Comme j’ai appris à le faire avec toute émotion forte, j’ai pris du recul, ai analysé mon ressenti et me suis rendue compte que ma colère et mes arguments n’étaient ni rationnels, ni justes. Toujours deroutée par la beauté et la sagesse que j’avais trouvée dans l’islam, et regrettant mon manque d’objectivité, je me suis renseignée sur cette religion. Je me souviens avoir pensé qu’à côté d’un milliard et demi d’humains qui croient au message islamique, j’étais ridicule d’infirmer leurs convictions sans jamais les avoir étudiées. Cela allait à l’encontre de mon esprit rationnel et d’analyse objective ainsi que la tolérance que je prônais.
C’est donc en tout modestie que j’ai approché l’islam par une voie rationnelle et scientifique. J’ai lu des articles et visionné des documentaires sur les théories du “dessin intelligent”, lu de nombreux récits de croyants et me suis penchée sur la notion de “spiritualité” en général. J’ai été stupéfaite en découvrant la logique et le poids de l’intelligence et de la réflexion qui sont à l’origine des théories théologiques. Ainsi, rationnellement je reconnaîssais les preuves de l’existence de Dieu, mais le cœur n’y était pas encore. Je n’étais pas prête et il me fallait encore apprendre certaines choses sur la vie, ma vie, et sur moi-même. Je m’adressais à Lui de temps en temps, Lui demandant de me guider, de me donner des signes. J’ai enfin osé avouer mes doutes, avouer que je me sentais perdue, prête à apprendre à nouveau et accepter ce qu’autre fois je refusais. Les quelques semaines qui ont suivi ont étées, d’après mon interprétation, riches en « signes », quelque soit la signification qu’on leur donne, plus bouleversantes les unes que les autres. Puis, un soir, repensant aux épreuves que j’ai vécues et la perte de ma grand-mère comme l’évènement qui m’a éloignée de Lui, je me suis souvenue du nombre de points communs que je trouvais entre elle et mon ex-conjoint. J’ai toujours eu le sentiment d’être attirée et rassurée par lui car il avait en lui “une part” de ma grand-mère. Comme si tout cela faisait partie d’un plan. Soudain, j’ai compris: Dieu m’aurait fait ressentir, auprès de mon ex-conjoint, le bien-être que je ressentais auprès de ma grand-mère qui me portait un amour inconditionnel et ce, afin qu’il soit pour moi un soutien pour surmonter les épreuves qui m’attendaient. À cet âge où l’on construit sa personne, cet amour m’a permis de surmonter de lourdes souffrances, de me remettre en question, de chercher en moi toute la force nécessaire pour devenir meilleure, de mettre mon ego de côté au service d’un autre, d’apprendre à gérer mes humeurs, être juste et courageuse, etc. C’est cette histoire d’amour qui m’a permis de devenir l’adulte que je suis aujourd’hui, de me connaître et d’acquérir à un jeune âge la maturité affective nécessaire pour gérer mon hypersensibilité. J’ai alors compris que Dieu a toujours été auprès de moi, sous des formes différentes. Il n’a jamais cessé d’exister, c’est moi qui n’étais plus en mesure de Le sentir. Sa sagesse est si grande, Qu’Il S’est effacé de ma conscience durant 10 ans, pour me porter, malgré tout, au travers d’un homme, l’amour nécessaire afin que je sois, un jour, prête à Lui ouvrir mon coeur à nouveau. Il m’a ainsi montré la plus grande humilité, prouvant à quel point Il est Grand. J’ai alors ressenti Sa grandeur et Sa puissance infinie comparée à ma petitesse. Je me suis sentie toute petite, faisant partie d’un ensemble bien plus grand que moi, incapable de comprendre toute Sa sagesse. Cette modestie, cette humilité que je ressentais, ont été révélatrices. Je me suis sentie à ma place, aimée de façon inconditionnelle; comprenant alors que rien ne s’acquiert par la colère, l’orgueil, la vanité, ou tout autre sentiment destructeur. Bien au contraire: dans la modestie j’ai découvert, dans la prise de recul j’ai su voir, dans l’humilité j’ai compris, dans le deuil j’ai aimé, dans le lâcher prise je me suis trouvée.
C’est ce que j’appelle « la Foi ». La croyance en une existence au-delà de toute chose, de toute règle, de tout temps, de toute contenance. Une croyance dans Le Bien, Le Juste, L’Amour. Un infini et une causalité entre toutes choses et tout être, gérés par une entité intelligente, qui ne demande qu’à être reconnue et qui se révèle à nous dans tout ce qu’il y a de beau.
Mon ex-conjoint et moi n’étions pas faits pour être ensemble éternellement. Dieu nous a rassemblés à cette période de notre vie, afin de nous couvrir, l’un à travers l’autre, de Son amour bienveillant, nécessaire pour nous guider plus tard vers Lui, vers l’islam. À présent, j’ai pour cet homme un amour fraternel. Je l’aime en Dieu pour ce qu’il m’a apporté durant toutes ces années. Ce qui m’a permis d’être prête pour rencontrer l’autre moitié de ma religion, aujourd’hui mon époux, qui m’apporte une dimension spirituelle au delà de ce que je pouvais espérer, libérée des conflits psychiques et des traumas qui me freinaient. À présent, Dieu est en lui et me porte amour, affection, soutien, force, réflexion, évolution et bien plus. Tout ce qui m’est nécessaire pour devenir meilleure. Dieu est partout où il y a l’amour, le bien, la justice. Je pense qu’Il est tout cela. Plus je tâche d’être quelqu’un de bien, plus je ressens Dieu en moi. Plus je m’oublie au profit d’un bien plus grand que moi, plus je me sens sereine. Plus je donne, moins j’exige. Plus j’apprends, plus je deviens humble. Plus j’aime, moins j’ai besoin d’être aimée. Me rendre compte que j’ai été créée, que je fais partie d’un ensemble infiniment plus grand que moi, a été ma libération. Je ne cherche plus à répondre aux exigences de la société pour avoir de grandes choses, être belle, être aimée, être entendue… Je cherche à trouver mon essence, ce que Dieu a mis en moi, pour qu’à mon tour je témoigne de Son message d’amour et de paix. Comme le dit la chanson, “[…] aimer est plus fort que d’être aimé […]”.
Merci d’avoir pris le temps de lire mon témoignage. Je vous souhaite de découvrir, d’apprendre, d’oser remettre les choses en question, de vous aimer assez que pour essayer de devenir meilleur, d’aimer Dieu suffisamment que pour aimer toute Sa création, la respecter et agir au quotidien pour un monde meilleur. Je vous souhaite amour, paix et sérénité, je vous souhaite de trouver Dieu!
Asalamaleykum wa rahmetullahi wa barakatu.
Melissa, alias Fadia pour son étymologie: “Celle qui se sacrifie pour le bien d’un autre”
Bruxelles – mai 2016